MARS 2023 : MISE À JOUR DE L'ARTICLE SUR LES NOUVEAUX ENJEUX DE LA TRADUCTION AVEC L'INDUSTRIE 4.0 ET L'USINE DU FUTUR
L'industrie 4.0 est un concept visant une nouvelle organisation des moyens de production. La surveillance des machines et des équipements se fait en temps réel. La convergence entre le monde virtuel et réel est totale, de la conception à la gestion. La quatrième révolution industrielle est celle de l'intelligence artificielle (IA ou artificial intelligence, AI) et de l'Internet des Objets (de l'anglais Internet of Things ou IoT).
L’opérateur est le principal acteur d'une représentation virtuelle globale en temps réel. La chaîne de valeur est connectée, la production est modulable et les produits sont intelligents. La connexion des équipements dans les usines permet de garantir un meilleur suivi et plus de sécurité avec toujours le même objectif qui consiste à collecter, analyser et gérer les données pour gagner du temps et être plus efficace. L’approche de l'industrialisation est donc globale. L'adaption et la personnalisation sont au centre des processus de plus en plus axés vers les clients.
La digitalisation dans l'usine du futur et la traduction
À l'origine, l'idée de ce concept d'industrie 4.0 provient du gouvernement allemand (source traduite en français :
https://www.bmwk.de/Redaktion/FR/Dossier/industrie-40.html). Le concept englobe ainsi des processus intelligents et de nouveaux modèles d'entreprise dont l'industrie allemande, à la pointe, raffole. La quatrième révolution industrielle est donc lancée. L’usine du futur doit aussi prendre en compte les besoins de traduction liés à la digitalisation et la prise de décision en temps réel qu’elle impose. La façon dont les entreprises fabriquent, améliorent et distribuent leurs produits est modifiée en profondeur et les besoins en traduction sont continus. Pour traduire efficacement au service de l’industrie 4.0, il est nécessaire d’avoir une expérience en traduction technique, informatique et marketing. Les nouvelles technologies, notamment l'Internet des objets (IdO ou IoT en anglais), le cloud computing et l'analytique, ainsi que l'IA et l'apprentissage automatique utilisés par les industriels du futur dans leurs usines nécessitent de maîtriser ces concepts. Sinon la traduction ne fera pas le lien entre les différentes composantes des installations de production du futur. Ces usines intelligentes ont besoin de la traduction comme un lien évident entre tous les aspects. La coopération demeure un élément clé.
Bien sûr la langue anglaise reste prépondérante, mais la communication avec le consommateur, le personnel et les prestataires de service est nécessaire dans plusieurs langues sinon c’est tout le processus qui perd de son intérêt. Les informations auparavant cloisonnées sont maintenant partagées et s’ouvrent à d’autres systèmes. Leurs traductions doivent être rapides, pertinentes, personnalisées, mais aussi rester confidentielles, ce que la traduction automatique ne permet pas. La traduction humaine retrouve ici ses lettres de noblesse et permet de s’adapter à tous les besoins en respectant les règles habituelles de la profession en matière de confidentialité des informations et des processus industriels.
L'automatisation, la flexibilité et la réactivité sont améliorées grâce notamment à la maintenance prédictive et à l’auto-optimisation des améliorations de processus, mais le lien avec le client doit toujours se faire en plusieurs langues.
Les nombreux capteurs installés dans l’usine du futur collectent des volumes de données (big data) importants qu’il faut ensuite analyser, valoriser et traduire pour obtenir la visibilité en temps réel souhaitée. La digitalisation fournit ainsi des outils à utiliser pour réduire les temps d’arrêt qu'il faut aussi communiquer aux partenaires extérieurs pour un bon fonctionnement.
L'industrie est désormais numérisée et connectée et les interfaces et les flux de données sont nombreux, et la progression est fulgurante.
Nouveaux concepts liés à l'industrie 4.0 et l'importance de la traduction
Les dispositifs d’Internet des objets (IoT) permettent d’augmenter la productivité et la qualité, et l’intelligence artificielle (IA) en aidant à réduire le nombre d’erreurs permet aussi de réduire les coûts. Les opérateurs sont équipés d’appareils mobiles qui remplacent ou assistent les contrôles visuels. Toutes ces opérations nécessitent des traductions pour être parfaitement comprises par les acteurs impliqués tout le long de la chaîne de valeur.
Le traducteur intervient sur toutes les nouvelles technologies utilisées et la cohérence des traductions appliquées est un maillon important, ce que la traduction automatique peine à reproduire en traduisant souvent un même terme de différentes manières.
Tout d’abord, l’Internet des Objets (de l'anglais Internet of Things ou IoT) est un élément clé des usines intelligentes (de l'anglais smart factory). Les machines possèdent des capteurs avec une adresse IP pour se connecter à l'aide d'Internet à d'autres appareils compatibles. La mécanisation et la connectivité aident à collecter, analyser et échanger de gros volumes de données sur la valeur.
Ensuite, le cloud computing est l’élément fondamental de toute stratégie destinée à l'industrie 4.0. La réalisation au même niveau de la fabrication intelligente nécessite la connectivité et l'intégration de l'ingénierie, de la chaîne d'approvisionnement, de la production, de la commercialisation et de la distribution et des services. Le cloud permet cette concrétisation. En outre, le volume en général important des données enregistrées et analysées peut être traité de manière efficace et plus rentable grâce à lui. Il peut également réduire les coûts au moment de fonder les PME qui peuvent adapter leurs besoins, puis les faire évoluer en fonction de leur croissance.
Puis, l'intelligence artificielle (IA) et l'apprentissage automatique permettent aux unités de production de profiter pleinement du volume d'informations créées dans l'usine, comme dans l'ensemble des fonctions de vente, et même auprès de partenaires et de sources extérieures. L'IA et l'apprentissage automatique peuvent générer des informations qui apportent la visibilité, permettent de prévoir et d’automatiser les opérations et les processus opérationnels. Comme les machines peuvent tomber en panne durant le processus de production, l'exploitation des données ainsi collectées peut aider les entreprises à effectuer une maintenance prédictive basée sur des algorithmes d'apprentissage automatique et donc augmenter le temps de fonctionnement et l'efficacité.
Enfin, l’informatique de périphérie, la
cybersécurité (de l'anglais
cybersecurity) et le jumeau numérique viennent compléter cette liste de technologies.
En effet, les exigences des opérations de production en temps réel signifient que certaines analyses de données doivent être effectuées à la périphérie, c'est-à-dire à l’endroit où les données sont créées. L'utilisation de l'informatique en périphérie signifie aussi que les données restent près de leur source en réduisant les problèmes liés à la cybersécurité qui sont un fléau pour ces usines intelligentes.
Les fabricants ont la possibilité de créer des jumeaux numériques qui sont des répliques virtuelles des processus, des lignes de production, des usines et des chaînes d'approvisionnement.
La traduction humaine de qualité et professionnelle est une évidence pour toutes ces nouvelles technologies qui existaient déjà pour certaines séparément au niveau des différents processus (logistique, informatique, automatisation, marketing…), mais qui fonctionnement maintenant ensemble et en temps réel pour une fabrication plus personnalisée et plus proche des clients et consommateurs.
La relocalisation en ligne de mire et une aubaine pour la traduction humaine
La mondialisation déjà présente depuis longtemps, mais aussi la volonté de réindustrialiser exprimée largement durant la pandémie de Coronavirus et dans le contexte actuel de flambée des prix de l’énergie et des carburants, vont permettre de généraliser encore plus le concept d’industrie 4.0.
Les promesses de l’usine du futur sont nombreuses pour le consommateur et le traducteur facilite la communication entre toutes les parties prenantes pour les concrétiser.
Les chaînes de production ont toujours fait intervenir des traducteurs notamment pour les opérateurs, mais la personnalisation de masse offerte par l’industrie 4.0 nécessite des besoins encore plus poussés en la matière.
Cette évolution demande des connaissances pointues dans tous les domaines concernés, mais aussi la capacité de faire évoluer les contenus. On ne traduit plus seulement les tables comme par le passé pour SAP ou d’autres ERP (de l'anglais
Enterprise Ressource Planning ou Progiciel de Gestion Intégré, PGI) ou encore des manuels d’utilisation, mais il faut adapter en permanence et à l’infini. (Source :
https://www.sap.com/france/products/scm/industry-4-0.html). C’est une composante intéressante pour le traducteur qui est impliqué au plus profond des processus de fabrication. Chaque nouveau sujet permet de voir différents aspects de ce concept et le renouvellement incessant rend les projets de plus en plus passionnants. La traduction ne concerne plus un seul point à la fois d’une société dans le secteur de la fabrication, mais tous les services, de la conception à la réalisation, en passant par la distribution, la vente et la maintenance sont reliés et intégrés au projet dans sa globalité. Toute la communication et les données collectés doivent être traduites sur tous les supports numériques à tous les niveaux de l’entreprise. Les analyses en arrière-plan devant être réutilisées ne doivent pas être oubliées pour rester pertinentes.
Les opérateurs et l'ensemble du personnel ont besoin de comprendre toutes les opérations de A à Z pour pouvoir travailler convenablement avec ces nouveaux outils mis à leur disposition. Cette hyperconnectivité n’est possible que si une bonne traduction vient faire le lien entre tous les acteurs internes et externes de l’entreprise. Et la relocalisation amorcée ne viendra que renforcer ces besoins en traduction. Un traducteur avec une expérience technique dans l’industrie, l'automatisation, l’informatique, le marketing et la logistique jouera à merveille le rôle consistant à assembler toutes les pièces de ce puzzle. La traduction automatique, qui a déjà montré ses limites notamment en matière de personnalisation, de consistence et de confidentialité, et dans ce secteur où la cybersécurité présente un risque réel pour l’industrie 4.0, ne jouera qu’un rôle limité voire inexistant, comme le prouve le nombre sans cesse croissant de clients qui la délaissent suite à de nombreuses mauvaises expériences et déceptions. Les projets de traduction gérés sont plus globaux et offrent de réelles satisfactions et de belles perspectives grâce aux nombreuses implications que l’usine du futur impose.
Le système MES (Manufacturing Executing System)
Pour être encore plus efficace, l’usine connectée pourra également posséder un système MES (de l'anglais Manufacturing Executing System ou logiciel de pilotage de la production) qui est un véritable pilote du fonctionnement de l’usine 4.0 en tant que prologiciel qui, en collectant en temps réel les données de production de tout ou partie d’une usine ou d’un atelier, optimise toutes les étapes du processus industriel. (Source : https://www.lemagit.fr/definition/MES-Manufacturing-Execution-System).Ce système informatique doit aussi être traduit pour être efficace partout où il est utilisé. Son importance réside dans sa capacité à communiquer entre les systèmes. Il est donc une ressource-clé qui permet la communication entre les systèmes et donne une visibilité complète sur ce qui se passe dans l’usine. Ces types de logiciels visent à gérer les ordres de fabrication, à contrôler les flux des documents et à administrer le personnel.
Le MES répond donc au besoin d’amélioration continue de la production. Il doit d’abord trouver essentiellement son origine au centre de l’usine. En effet, c’est son domaine de prédilection et c’est là également qu’il prévaut.
En s'inscrivant au cœur de la démarche de l’industrie 4.0, le MES est en mesure d’apporter de nombreux avantages à une entreprise industrielle et il s’agit notamment (liste non exhaustive) : de l’acquisition et la consolidation des données, de la visibilité de la production pour une meilleure prise de décision, de la réduction du nombre d’erreurs dans l’ensemble des opérations, de l’augmentation de la productivité grâce à de meilleures données, de l’amélioration de l’utilisation et du temps de fonctionnement des machines, de l'usine sans papier, du perfectionnement du flux d’informations entre les intervenants et du pilotage de la communication entre les machines intelligentes.
Pour conclure sur l'industrie 4.0 et les opportunités actuelles et à venir pour le marché de la traduction technique
En résumé, cette industrie moderne correspond à une nouvelle manière d’organiser les moyens de production et se définit comme étant la regroupement du monde virtuel, de la conception numérique, de la gestion (finance et marketing) avec les produits et les objets du monde réel. L'usine du futur est caractérisée par une utilisation massive des données et une connectivité très poussée.
Selon les spécialistes, neufs piliers technologiques constituent l’industrie 4.0 :
- les robots collaboratifs et les machines intelligentes : par exemple des robots équipés de capteurs de sécurité qui suppriment certaines opérations pénibles tout en automatisant d’autres ;
- l’Internet industriel des objets et la création de données : l’ensemble des capteurs physiques présents sur les appareils ou les produits permettant de collecter et de partager les données au format numérique des paramètres de production à des fins de perfectionnement ;
- le Big Data, les analyses et l’intelligence artificielle : l’analyse de données permet d’optimiser le rendement des machines grâce à la maintenance prédictive, tout en améliorant la qualité de la production ;
- l’intégration verticale et horizontale : pour faciliter le partage des données avec les clients ou les fournisseurs ;
- les outils de simulation avancée : les progrès des lignes de production pourront être testés virtuellement au préalable ce qui limite les coûts et la prise de risque ;
- la production additive, les matériaux et les processus innovants : la création simplifiée de prototypes notamment grâce à l’impression en 3D ;
- la réalité augmentée (de l'anglais augmented reality) : l’assistance aux opérateurs grâce à la projection d’informations virtuelles sur un support numérique ;
- la technologie de blockchain : une sécurité améliorée grâce au stockage et à la transmission d’informations transparentes et sécurisées, pour garantir la traçabilité des composants ou des opérations ; et
- le Cloud et la cybersécurité : le stockage dématérialisé et sécurisé des nombreuses données nécessaires aux activités industrielles.
L’objectif de cette nouvelle révolution industrielle est de séduire le consommateur et de lui offrir une expérience personnalisée et personnalisable puisqu’il ne veut plus seulement consommer mais être acteur de son achat, vivre une expérience et recevoir des émotions. De plus, cette industrie 4.0 se caractérise par de faibles volumes de production pour maintenir les rendements. Au centre de ce processus industriel se trouve le concept de produit intelligent (ou Smart Product), qui permet au client de communiquer avec les machines lors des phases de réalisation du produit. Selon ce principe, et dans le contexte de l’automatisation industrielle, cela s’interprète par l’utilisation de capteurs qui sont les éléments de base des systèmes d’acquisition et de contrôle des données (de l'anglais Supervisory Control And Data Acquisition ou SCADA). Ces capteurs permettent aux robots d’une ligne de production de se coordonner et de dialoguer, afin d’adapter l’outil de production aux différents besoins (besoin du marché et modifications des clients par exemple).
En plus de l’aspect technologique, cette quatrième révolution industrielle influe sur différents aspects de notre société (l’écologie, l’économie, l’environnement, la politique et le social) et pose la question de l’emploi. La place de l’humain doit rester au centre de cette transformation technologique.
L’industrie du futur représente deux défis majeurs.
Le premier est l’augmentation des gains avec une logique de marché sur quatre axes principaux :
- l’amélioration des produits actuels et le développement de nouvelles offres ;
- la meilleure connaissance des clients et l’acquisition d’activités à forte marge ;
- la définition des modèles d’entreprise qui rompent avec ce qui existe sur la base des données ; et
- la monétisation des données brutes ou personnalisées.
Le second défi est l’amélioration de l’efficacité et la baisse des coûts dans une logique industrielle :
- l’optimisation des opérations et des processus ;
- la meilleure définition du juste besoin : la Conception à Coût Objectif (CCO) sur la base des données (de l'anglais data driven Design-to-cost) ;
- la collaboration plus efficace avec les fournisseurs ; et
- la réduction des pannes, des temps d’arrêt et du coût de maintenance par prédiction.
Par conséquent, l’implication dans toutes ces opérations, donne au traducteur technique une incroyable opportunité d’épanouissement et d’utilisation de ses compétences.